Blog

26 Mar 2024

Que devient Silas Robinson?

Plusieurs lectrices et lecteurs me demandent à propos de Silas Robinson : qui est-il ? D’où vient-il ? Qu’est-ce qui l’a amené au Canada ? Que devient-il maintenant ?

J’ai l’ai d’abord connu lors d’une enquête qu’il avait faite dans le village de Saint-Charles à la demande du chef de police de Montréal de l’époque. J’avais découvert un manuscrit dans la bibliothèque de mon frère qui décrivait en détail ses investigations. On peut lire cette enquête dans Les crimes du manoir Debartzch.

De son passé, on apprend peu de choses. Il est venu au Canada en 1844 après avoir passé plusieurs années à Londres, à Scotland Yard, comme policier. D’abord détective privé au Canada, il se fait remarquer par le procureur général de l’époque, Lewis Drummond. Après l’affaire du manoir Debartzch, le procureur le fit nommer chef de police à Montréal en 1851. Depuis ce temps, sa réputation n’a cessé de grandir.

Comme le Dr Watson pour Sherlock Holmes, je suis devenu le fan le plus fidèle du célèbre détective. Depuis quelques années, en m’aidant de recherches approfondies, je tiens un journal de ses enquêtes que je décris dans mes livres. 

Que sait-on de Silas Robinson ? On connaît peu le personnage, car il ne se livre pas facilement. Il est né à Londres, a passé une bonne partie de son enfance en Irlande, a étudié à l’Université d’Oxford pendant un temps. On sait qu’il a marié Rosalie Cadrin-Dupuy en 1854. Rosalie était alors veuve et avait deux enfants qui sont devenus de jeunes adultes, ou presque, dans ses dernières enquêtes.

En 1853, il venait à peine de créer son équipe de détectives à Montréal qu’une affaire étrange se présenta à lui. Un homme avait été découvert, mort, dans la forêt du Mont-Royal. Il avait été émasculé. L’enquête a été décrite dans Le carcajou du Mont-Royal.

L’année suivante, en 1854, il a résolu l’affaire d’un squelette retrouvé près du cimetière Notre-Dame. Une énigme que l’on peut lire dans Au temps de la peste bleue.

Ensuite, un peu avant l’inauguration du pont Victoria en 1860 à Montréal, on avait découvert un cadavre de femme sans tête près de l’un des piliers. Cette enquête difficile avait donné lieu à toutes sortes de spéculations dans les journaux de l’époque. L’enquête est décrite dans Un pont sur le Saint-Laurent.

Enfin, dans Meurtre à la Caserne des Jésuites, Silas Robinson a été invité à venir à Québec en 1861 pour enquêter sur l’assassinat d’un militaire. L’affaire semblait avoir une implication politique. C’est pourquoi le Gouverneur général avait fait appel à lui. À cette époque, le détective montréalais avait acquis une réputation qui dépassait même les frontières du Canada.

Sa prochaine enquête se passe également à Québec. Cette fois, il est appelé par l’un des membres de l’équipe avec laquelle il avait travaillé l’année précédente dans l’enquête sur le meurtre de la Caserne des Jésuites. Il viendra en aide à son camarade de l’époque, Patrick O’Connell.  

Comme on le voit, Silas Robinson ne chôme pas. Nous continuerons de le suivre pas à pas dans ses investigations. Peut-être même en apprendrons-nous un peu plus sur lui à cette occasion ? Rien n’est certain toutefois. 

La prochaine enquête de Silas Robinson sera bientôt publiée dans mon blogue. Restez à l’affût !

Marcel Viau

13 Jan 2021

Les romans policiers historiques

Rue Notre Dame en 1850

Pour celles et ceux qui s’impatientent de retrouver mon enquêteur Silas Robinson, vous n’aurez pas longtemps à attendre, car une deuxième enquête est sur le point d’être publiée sur mon blogue sous forme d’épisodes de feuilleton. Restez branchés !

D’ici là, j’aimerais vous faire part de ma réflexion sur les romans policiers historiques et vous proposer une suggestion de lecture.

Le roman policier historique est un genre littéraire à part entière. Le roman policier a sa propre histoire qui débute au XIXe siècle. L’inspecteur Lecoq d’Émile Gaboriau est sans doute l’un des premiers personnages de roman policier de type whodunit dans lequel un détective mène une enquête pour trouver le coupable. Évidemment, le plus connu de tous est Arthur Conan Doyle et son fameux Sherlock Homes écrit à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. 

Toutefois, les premiers romans policiers historiques écrits par des auteurs contemporains sur des périodes historiques relèvent d’un phénomène relativement récent. L’une des premières autrices à en avoir fait un genre à part entière est Ellis Peters avec ses aventures du frère Cadfael qui se passent au Moyen-Âge. Bien sûr, on pourrait aussi faire référence au roman Le Nom de la Rose de Umberto Eco, bien que l’on ne puisse pas le considérer comme un véritable roman policier.

Actuellement, plusieurs auteurs de romans en font une véritable spécialité. J’aimerais aujourd’hui mettre en évidence une autrice indépendante qui utilise l’autoédition pour publier ses œuvres. Il s’agit de Delphine Montariol. Elle a publié quelques séries de romans policiers qui se déroulent au XIXe siècle et au début du XXe. Je me suis intéressé à la série Worthington et Spencer, deux détectives privés, une femme et son cousin, qui résolvent des crimes se passant dans la bonne société britannique de l’ère victorienne à la fin du XIXe siècle.

Les deux détectives se rencontrent lors d’une première enquête dans un manoir anglais où plusieurs meurtres sont commis (Sombres secrets). L’action se déroule sur les chapeaux de roue et nous tient en haleine malgré le nombre impressionnant de personnages. Évidemment, ce n’est pas la première fois que l’on retrouve une telle unité de lieu dans les romans policiers depuis Agatha Christie notamment. Le tout reste d’en renouveler le genre, ce que l’autrice ne manque pas de faire. 

Une deuxième enquête se déroule alors que les deux cousins se sont associés pour créer une agence de détectives privés. Elsie, la cousine plus jeune de Spencer, ne passe pas inaperçue auprès de la police de Londres. On n’a pas vu souvent une femme de caractère comme elle mener des enquêtes avec un tel sang-froid et une telle faculté de déduction. Elle forme la paire parfaite avec son cousin, ancien membre de la police militaire de l’armée britannique des Indes. Dans Esprits tueurs, ils devront affronter de redoutables adversaires dans le milieu de l’ésotérisme londonien. 

Une troisième enquête tout aussi palpitante (Exquises miniatures) les amène à une investigation dans le monde des clubs anglais fermés et de la haute société de l’époque, tout en se faisant de solides alliés auprès des quelques détectives de Scotland Yard et d’un procureur rigoureux. Ils réussiront à boucler une enquête sur d’énigmatiques maisons miniatures qui représentent la commission de meurtres plus sordides les uns que les autres. 

L’écriture de l’autrice est simple, fine et surtout déliée. Elle contrôle ses intrigues de façon parfaite. Dès le début des enquêtes, nous sommes entraînés malgré nous grâce à un style qui a fait le succès des polars américains. Il n’y a rien de superflu dans la narration. On ne se perd jamais dans des descriptions inutiles. De plus, la formation d’historienne de l’autrice nous garantit l’authenticité de l’univers bien particulier de l’époque victorienne et de ses mœurs. Enfin, elle sait donner un ton particulier à ses romans, le narrateur se tenant un peu décalé de l’action comme pour nous dire : « vous savez, ce n’est qu’une histoire après tout ». Cette atmosphère produit des romans très agréables, presque légers, malgré la noirceur des thèmes et des crimes, ce qui nous donne le goût d’y revenir. Pour tout dire, voilà des ouvrages qui font honneur au genre particulier des romans policiers historiques.

On peut trouver facilement les livres de Delphine Montariol en format papier et numérique (Kindle seulement) sur Amazon. Il est aussi possible de se les procurer sur son site web : https://www.delphinemontariol.com.

16 Dec 2020

Un conte de Noël

Icône roumaine de Nicolas de Myre

Avertissement : La lecture de ce conte est déconseillée aux enfants de moins de dix ans.

Bordel ! Ce maudit costume n’a pas été lavé depuis des siècles. Il n’est plus rouge comme la couleur du Coca-Cola, mais marron sale. Je ne sais pas ce qu’a foutu la fée des étoiles pendant tout ce temps. Je gage qu’elle essaie encore ses robes de poupée Barbie, avec des paillettes brillantes et un bonnet pointu. À son âge ! Tellement ridicule. Puis ces lutins du Père Noël. Tous des fainéants ! J’ai toujours détesté leurs oreilles pointues, comme s’ils venaient de la planète Vulcain (c’est peut-être le cas d’ailleurs). Puis, cette pandémie qui n’en finit plus de finir ! Je devrai me retrouver cette année dans les centres commerciaux avec un Plexiglas entre les enfants et moi. Il y a au moins un avantage à cela : je ne me ferai pas dire que je pue de la gueule. Puis, je ne pourrai même pas entrer dans les maisons pour distribuer les cadeaux. Je vais devoir sonner et les laisser à la porte, comme un livreur d’UPS. En tout cas, je pourrai enfin déboulonner le mythe du passage par la cheminée. Je n’ai jamais fait ça. Jamais ! Vous m’avez regardé ? J’ai de la difficulté à attacher mes bottes le matin, alors pour la cheminée, on repassera.

Je ne sais pas comment il se fait que nous en soyons arrivés là. Je ne parle pas de la pandémie, mais du mythe de Noël : une vaste foire commerciale pour vendre encore plus de machins inutiles. Qui a eu cette brillante idée de s’approprier mon histoire pour en faire un tel étalage de mauvais goût? Je parviens à peine à me rappeler qui j’étais in illo tempore (« en ce temps là », pour ceux qui ne connaissent pas le chinois). 

Il fut un temps où j’étais un évêque respecté. Oui Môssieur ! Un vrai évêque, dans un trou perdu de Turquie, mais un évêque quand même. À cette époque, Ho-Ho-Ho, c’était il y a très longtemps — attendez que je me souvienne — oui, autour de l’an 300 que ma carrière d’évêque a commencé. On s’est mis à m’appeler Nicolas de Myre, parce que j’étais le chef religieux de cette ville. Il faut savoir qu’à cette époque je portais rarement du rouge, seulement pour les grandes occasions. J’avais aussi une mitre (pas une « mitt », les copains ! C’est pour jouer au baseball, une « mitt ». Pis, c’est en anglais en plus). C’était un grand chapeau qui permettait de nous voir venir de loin. En tout cas, même si je n’aimais pas ma mitre, ça reste encore mieux que ce bonnet ridicule, rouge encore avec de la fausse hermine (du vrai lapin, oui) et une boule blanche qui me pendouille dans la face par grand vent. 

Au IVe siècle, ce n’était pas une bien bonne période pour les évêques. Les maudits Romains, avec leur culte païen et leurs hérésies, ne voulaient pas que l’on prêche la vraie bonne nouvelle de l’Évangile. J’y ai goûté, je vous assure. Les Romains, ils s’y connaissent en toutes sortes de torture. Passons ! C’est parce qu’on ne m’écoutait plus que je me suis mis à être bon. Après tout, dans l’évangile, on dit quelque part que « les œuvres comptent plus que la foi ». Je ne suis pas certain que la citation soit correcte, mais vous comprenez ce que je veux dire. J’ai décidé d’aider les gens autour de moi. La meilleure période de ma vie. 

Je déteste le rouge. Ça fait voyant, puis on a l’air de quoi : des empereurs ? Des princes ? Pour faire la charité, c’est pas trop crédible, avouez. Je me suis habillé d’une simple bure grise et je parcourais la campagne sur le dos de mon âne. Par mauvais temps, je relevais mon capuchon pointu et vogue la galère ! Après un certain temps, les gens m’attendaient, moi et mes victuailles. Ils étaient tellement pauvres, les pauvres ! Les enfants s’agglutinaient autour de moi. J’avais prévu le coup et je leur donnais quelques fruits, un peu de noix et parfois des bâtons de cannelle. Vous auriez dû voir leurs yeux, à ces petits. Aujourd’hui, les enfants reçoivent une PlayStation et ils ne sont pas contents parce que papa l’a acheté d’occasion sur eBay. 

Il a circulé tellement d’histoires à mon propos après ma mort. Il paraît que mes os suintaient une huile miraculeuse. Je vous dis qu’il y en a eu des miracles en mon nom. Le plus connu serait arrivé de mon vivant. J’aurais « rabouté » trois enfants qui avaient été coupés en petits morceaux par un boucher. Vous vous rappelez la chanson : « ils étaient trois petits enfants qui s’en allaient glaner aux champs ». En plus, on la chantait aux touts petits. Brrr ! J’en ai froid dans le dos juste d’y penser. Franchement ! Vous y croyez-vous ? Comment fait-on ça, remonter des petits enfants comme ils étaient avant ? Ce n’est pas comme remonter une horloge que l’on aurait démontée pour s’amuser. Il y en a des fadaises qui se sont contées en mon nom. 

Et voyez ce que je suis devenu aujourd’hui ! Regardez-moi : un joufflu habillé comme un clown qui parcourt le monde dans un chariot tiré par des rennes trop saouls pour savoir où ils vont. Et si cette pandémie arrivait à changer tout cela ? Si nous parvenions à retrouver le vrai sens de Noël, celui de la bonté envers les autres, celui de la décence et de la dignité vis-à-vis de nos semblables ? Plus de cadeaux débiles ! Plus d’embrassades hypocrites ! Plus de faux-semblants ! Seulement des êtres humains qui se reconnaissent comme tels, qui prennent soin les uns des autres, des hommes et des femmes solidaires capables de se mettre ensemble afin que cette terre devienne plus vivable. 

Un beau rêve que cela. Je ne suis même pas certain d’y croire. 

Ah, et puis merde ! Allez tous vous faire … ! J’abandonne ! Je reste ici cette année, au chaud devant mon foyer, en combine à grandes manches, à manger des chips et à boire du Pepsi. Tant pis pour ma ligne et mon diabète! Il faut bien mourir un jour de quelque chose. Oups! J’oubliais que j’étais immortel. Pas de chance… pour vous surtout!

09 Dec 2020

Quelle imagination!?

Calliope

J’ai reçu des commentaires de quelques lecteurs et lectrices qui, ayant lu mes romans ou mes contes, me disent comment ils me trouvent imaginatif. Je reçois cette remarque évidemment comme un compliment, même si je ne suis pas certain qu’il soit mérité. 

Je ne sais pas comment fonctionnent les autres écrivains, mais quant à moi, j’ai besoin de deux choses pour écrire un roman, ou même seulement pour le commencer : un contexte et un canevas de base. Sans ces deux éléments, je ne peux rien faire. 

Pour ce qui est du contexte, jusqu’à maintenant c’est ce qui me demandait le plus de réflexion. Je dis « jusqu’à maintenant » puisque dorénavant, je m’intéresse au détective Silas Robinson qui œuvre dans le Bas-Canada autour des années 1850. J’ai donc résolu de cette façon ma difficulté à trouver le contexte. Pas si simple pourtant, car il faut une bonne dose de travail pour ne pas sombrer dans l’erreur et l’anachronisme. Il est vrai que plusieurs de mes ouvrages font appel à des contextes diversifiés, que ce soit la guerre en Syrie (Les suppliantes) ou encore la période de la grande dépression à Montréal (Une orchidée dans le jardin d’hiver) ou un village de pêche éloigné dans Le Legs d’Andréa. Dans l’histoire de la jeune fille perdue dans la toundra (La femme qui aimait le froid), le contexte a surgi de l’histoire même, celle d’une femme « gelée » par ses problèmes personnels. Incidemment, quelqu’un connaissant bien la région du Grand Nord a voulu savoir quand j’avais eu l’occasion d’y aller tellement il trouvait la description réaliste. Or, je n’ai jamais mis les pieds dans le Nunavik. La touche magique du romancier, sans doute !

En ce qui a trait au canevas de base, je me souviens avoir été frappé par l’origine du grand roman de Flaubert, Madame Bovary. Il s’agissait tout simplement d’un fait divers paru dans les journaux de l’époque : le suicide d’une bonne bourgeoise dans une ville de province en France. Un simple fait divers ! Évidemment, le livre est un chef-d’œuvre et n’est pas Flaubert qui veut. Mais combien d’autres romans s’appuient sur des événements souvent anodins pour raconter leur histoire ? 

Car, il ne faut pas l’oublier, écrire un roman, c’est avant tout raconter une histoire. C’est du moins ma conception romanesque avec laquelle je sais que certains seraient en désaccord, et c’est leur droit. Quand je lis un roman, je redeviens un enfant à qui l’on raconte une histoire et qui est emporté par le récit. Lorsque j’en écris un, je veux obtenir le même résultat auprès de mes lecteurs éventuels. Pour cela, j’ai besoin d’un canevas de base. Dans le cas de mes romans, ce ne sont pas des faits divers qui sont à l’origine de mes histoires, mais des récits de la mythologie grecque. Plusieurs de ces récits sont tirés des tragédies d’Eschyle et d’Euripide. La plupart de mes romans, y inclus le tout dernier qui est un roman policier (Les crimes du manoir Debartzch), sont des interprétations de certaines de ces tragédies. Je découvre en effet chez les Grecs anciens des ressorts dramatiques inattendus et tellement contemporains qu’il m’a semblé possible d’en faire une sorte d’adaptation pour aujourd’hui. De quelles tragédies s’agit-il ? À vous de le découvrir. 

Cela répond en partie à la question de départ : où trouvez-vous l’imagination pour construire votre récit ? En fait, je n’ai pas suffisamment d’imagination et il me faut usurper mes histoires. Remarquez, je ne suis pas le seul. C’est Umberto Eco qui écrit dans une apostille à son roman Le nom de la rose : « Les livres parlent toujours d’autres livres, et chaque histoire raconte une histoire déjà racontée ».

Voilà quelques brèves réflexions qui ne permettront pas de répondre entièrement à la question du titre de ce billet. Peut-être donneront-elles néanmoins quelques explications sur l’origine « mystérieuse » d’un bon nombre de récits romanesques qui ne font pas toujours appel, tant s’en faut, à cette imagination créatrice débordante que Malebranche appelait la folle du logis. Plusieurs auteurs seraient d’accord avec moi pour affirmer que nous sommes plus des usurpateurs que des inventeurs, même s’ils sont peu nombreux à l’avoir dit publiquement.

18 Nov 2020

Une saga alsacienne

[Best_Wordpress_Gallery id= »2″ gal_title= »Emmanuel »]

Dans le cadre d’une série de commentaires que je souhaite faire de romans policiers historiques, je voudrais débuter par une trilogie écrite par Emmanuel Viau et publiée récemment (2017-2019) aux Éditions du Signe. Ces trois ouvrages ne sont pas à proprement parler des polars ; on devrait plutôt les qualifier de romans noirs. Ils n’en restent pas moins fascinants, ne serait-ce que du point de vue historique. L’auteur y aborde l’Alsace sous un angle nouveau, du moins pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec le passé très riche de cette région de l’Europe qui fut de tout temps un lieu de passage des empires, des royaumes et des États. 

Les trois livres abordent trois périodes différentes (quatre en fait) de l’histoire d’Alsace.

Dans Les légions furieuses (2017), on évoque la danse des fous qui se produisit pendant un laps de temps très court de la longue histoire de Strasbourg, en 1518. Durant quelques semaines, une épidémie de manie dansante jeta à la rue des milliers de malades. Il s’agit de la fameuse « danse de Saint-Guy » restée célèbre sous ce nom dans la mémoire des hommes. La furie se termina abruptement sans que personne, même aujourd’hui, n’ait été capable d’expliquer le phénomène. L’auteur met en scène des personnages tout en contraste dont certains seront récurrents dans les deux autres ouvrages. Les descriptions de Strasbourg et des environs sont hallucinantes de vérité. On croirait y être !

Le deuxième livre, Le sang des paysans (2018), porte sur le massacre de l’armée des paysans en face de la ville de Saverne en 1525. Des milliers d’hommes furent tués en une seule journée. On retrouve l’un des personnages, Vit, enfant dans le premier livre, qui a pris la tête du soulèvement. Cette insurrection, l’une des premières grandes révoltes populaires de l’Europe moderne, fut réprimée dans le sang par une caste aristocratique impitoyable. Évidemment, les choses tournèrent mal et plusieurs mourront dans la tourmente. Mais à la toute fin du roman, la musique jouée par une mystérieuse flûte nous permet de garder espoir.

Le troisième livre se passe sur deux périodes différentes. Nous sommes toujours sur la lancée du livre précédent lorsqu’arrive le grand incendie du monastère du Mont Saint-Odile en 1546 pendant lequel nous suivons les traces de Marie, La petite muette du Mont Saint-Odile (2019). En parallèle, l’auteur nous accompagne dans un des événements les plus noirs de l’histoire de Strasbourg, à savoir le massacre de la Saint Valentin deux siècles auparavant, soit en 1349. Ce jour-là, la communauté juive de la ville a presque été éradiquée. Si, d’un premier abord, il n’est pas évident d’apercevoir le lien entre ces deux événements, la conclusion se chargera de nous le montrer, ce qui aura l’heur de surprendre le lecteur à de nombreux égards. Cette conclusion peut d’ailleurs être considérée comme une sorte d’épilogue à l’ensemble de la trilogie. 

La trilogie d’Emmanuel Viau est une véritable saga alsacienne. L’auteur a fait montre d’une grande exactitude historique, du moins selon certains fins connaisseurs du pays. Mais il y a beaucoup plus. Les trois livres nous tiennent en haleine tout du long par des intrigues particulièrement bien ficelées. Les personnages (les bons comme les méchants) sont parfaitement crédibles malgré la distance historique. De plus, les protagonistes sont particulièrement attachants, ce qui nous fait même regretter parfois de les perdre en route. Le rythme des ouvrages est haletant, à tel point que nous regrettons souvent de devoir interrompre la lecture. 

Ne boudez pas votre plaisir et dépêchez-vous de vous procurer cette magnifique saga alsacienne. Les trois volumes sont disponibles dans toutes les bonnes librairies françaises. Quelques exemples : FNACAmazon.fr. On peut également se les procurer au Canada chez Amazon.ca.

Marcel Viau

29 Oct 2020

Que devient le site Apophase ?

Bonjour,

Celles et ceux qui sont les lecteurs fidèles ou sporadiques des écrits sur Apophase doivent sans doute se demander ce qu’il advient de mon site web. Comme toute bonne chose a une fin, Apophase disparaît. Toutefois, l’aventure à l’origine de sa création ne cesse pas pour autant. Plutôt, elle renaît sous la forme d’un blogue qui reste consacré à la littérature, avec toutefois une orientation sur un genre particulier : le roman policier historique. En écrivant Les crimes du manoir Debartzch, j’ai pu confirmer ma passion pour ce genre littéraire.

Afin de bien marquer cette nouvelle orientation dans ma pratique de l’écriture, je suis enchanté de vous présenter mon nouveau site web. Vous y reconnaitrez les fondations du site Apophase, à savoir la même aventure à l’origine de sa création. Rien de ce que vous avez pu lire sur l’ancien site n’est perdu toutefois, puisque vous pouvez retrouver l’ensemble de mes écrits sous la rubrique LIVRES.

Si vous m’avez suivi depuis plusieurs années, vous savez que j’aime écrire des histoires romancées. Je les ai publiées sous forme d’épisodes, comme les romans-feuilletons d’autrefois, avant de les proposer en librairie. Je continuerai à le faire, le cas échéant, car je suivrai à la trace les enquêtes de mon détective Silas Robinson toujours actif à Montréal au cœur du XIXe siècle. 

Autre différence, je souhaite utiliser la section blogue pour partager, en plus de textes de création, des insights sur la création littéraire elle-même. S’ajouteront donc à mon travail d’auteur des réflexions sur la littérature en général ou encore des opinions sur certains romans. Il se pourrait aussi que je dévoile certains aspects de mon travail.

J’espère enfin pouvoir répondre aux questions de mes lecteurs… sans toutefois dévoiler à l’avance le coupable! Vous êtes donc prié de ne pas hésiter à me faire des commentaires ci-dessous ou à me poser des questions sous la rubrique CONTACT.

Merci de m’accompagner dans cette nouvelle étape de ma pratique littéraire! 

Marcel Viau

track